Bénévolat et développement durable
Le fleuve Saint-Laurent au printemps: une prise de conscience inévitable
Le début du printemps, aussi timide soit-il, est un moment magique au Bota Bota. Le fleuve du Saint-Laurent se décrispe au gré des flux de températures et le Bota Bota retrouve peu à peu sa liberté.
La renaissance de la faune et la flore
« Il existe toute une période de dormance l’hiver où le fleuve se couvre de glace, où on a l’impression de ne plus voir grand-chose, mais c’est la saison où la clarté de l’eau est la meilleure ! », explique Nathalie Lasselin, cinéaste et exploratrice sous-marine. « C’est là que l’on a la plus grande distance de visibilité, et donc le meilleur moment pour aller dans l’eau afin d’explorer. »
La végétation n’est pas encore présente, ce qui permet aux amoureux de la nature de voir de petits animaux s’affairer avant le retour de la chaleur. Les rats musqués, les bernaches, les oies blanches, les cardinaux et, plus tard les hirondelles viennent s’affairer de nouveau aux alentours du fleuve. « C’est un moment extraordinaire pour venir au bord de l’eau », ajoute Nathalie, des étoiles dans les yeux.
« Au Canada, on a la chance d’avoir ce renouveau à chaque fois. C’est une période de transition où tout est sale dehors, mais on y met tous du nôtre et on se rend compte à quel point c’est fascinant que tout soit en train de pousser; les fleurs, les plantes… Pour moi c’est la renaissance, un nouveau départ. C’est une très belle période cette fonte des glaces. »
L’heure du constat
La semaine de cette entrevue avec Nathalie, la prise de mesure de la glace en Arctique est en train d’être faite. La superficie est sensiblement la même, mais c’est l’épaisseur qui est plus mince. « À des endroits on s’attend entre 5 à 6 pieds de glace, et aujourd’hui à ces coordonnées spécifiques, on en a seulement 3 ou 4 », se désole Nathalie.
Le printemps est aussi une période de transition difficile qui nous rappelle notre rapport à cette nature que l’on ne contrôle pas et dont on dépend fortement, « C’est l’heure du constat ».
« C’est un moment aussi stressant pour ceux qui habitent à côté du fleuve à cause de l’augmentation du débit de l’eau. Le Saint-Laurent nous fait voir sa force, il est à son plus fort. »
Avec la fonte des glaces, toutes les particules de pollution restées sur la glace pendant l’hiver finissent dans l’eau. Ainsi, le réchauffement de la température extérieure entraîne le ruissellement, qui fait dériver tous les débris sur le bord des rives dans le fleuve.
Des solutions à taille humaine
« À grande échelle, on peut rarement faire des choses, on a l’impression d’être impuissant» indique Nathalie, sans pourtant perdre espoir. Selon elle, la solution se trouve dans les petites et grandes actions du quotidien. Des gouttes d’eau qui misent bout à bout s’assemblent en un océan de possibilités.
« C’est aussi simple que de balayer devant chez soi et ramasser les papiers, plastiques et mégots qui couvrent le sol, au lieu de le laisser s’écouler dans les canalisations ! » L’idée ici est de garder son « petit coin de vie » aussi sain que possible.
Ramasser ses ordures, ne pas laisser de traces, ce sont des actions faites au quotidien qui offrent un rôle aux citoyens anxieux d’en faire plus. « Au niveau individuel, il est nécessaire de consommer de la façon la plus harmonieuse avec l’environnement.” Optimiser son transport est un exemple parmi tant d’autres.
Un apprentissage postpandémique
« Je pense qu’il y a une bonne partie des gens qui continuent de mettre en place ce qu’ils ont vécu pendant la pandémie. Ils ont changé leur perspective sur la manière de prendre soin de la vie avec la remise en question de certaines pratiques. » Nathalie indique ainsi l’utilisation beaucoup plus présente des liens Zoom ou Teams pour les réunions. « Je ne sais pas si ça s’améliore ou ça se dégrade. Ce qu’on a perdu, c’est le mouvement rassembleur et ça, c’est dommage », déplore-t-elle.
Elle aura cependant eu l’opportunité de participer à des regroupements inusités qui lui auront apporté une lueur d’espoir, lors d’une campagne de dépollution du Saint-Laurent. « Comme plongeur, notre première perception des Sea-Doos inspire la vigileance et parfois la méfiance. Nous n’avons pas la même utilisation du fleuve et on redoute les colisions », un apriori fondé sur plusieurs années d’expérience. « Mais ils sont venus nous aider gracieusement à retirer les pneus de l’eau », se remémore-t-elle, reconnaissante.
Une expérience qui rappelle à quel point il est parfois difficile de comprendre la réalité de l’autre avant d’établir un lien avec lui. « C’est tout un chemin qui a été fait, et qui date certainement de la pandémie », conclut-elle.
Un horizon brumeux
En janvier 2025, Nathalie a perdu 75% de son financement pour l’année. « C’est une hécatombe », regrette-t-elle. Un véritable défi s’est imposé à elle en début d’année, alors que le monde subit un choc géopolitique dont la taille des ondes est encore difficile à entrevoir.
« Tout est en latence et tout le monde est très émotif par rapport à tout ça », rapporte-t-elle. « Mais j’ai la chance de pouvoir me réinventer, d’être polyvalente et d’avoir plusieurs talents ! »
C’est une des raisons pour lesquelles elle est très fière de s’investir une fois de plus dans son événement Femmes à la Mer, le plus grand rassemblement subaquatique de femmes plongeuses jamais enregistré. Une façon pour elle de mettre des efforts envers des causes qui lui tiennent plus que jamais à cœur, celles des femmes et de l’eau.
Retrouvez le parcours de Nathalie Lasselin, dans le podcast du Bota Bota Point d’Écoute, et dans ses organisations d’événements de bénévolat avec l’équipe du Bota Bota.