Psychologie
La gestion et les bienfaits des changements
L’automne est sans aucun doute une des saisons les plus propices aux changements. Les potagers s’éteignent, les étudiants retournent à l’école et le soleil se fait plus bas. Les aiguilles de l’horloge de la cuisine reprennent un rythme plus soutenu, abandonnant non sans regret le léger ronronnement qu’elles produisaient pendant l’été.
Le changement existe néanmoins autour de nous tous les jours, à l’année longue. Des décisions sont prises et certaines mesures, hors de notre contrôle, bouleversent le chemin entrepris.
À la recherche de soi
« Rien n’arrive pour rien, j’y crois vraiment fort », confesse Esteban L., massothérapeute au Bota Bota. Depuis sa découverte de la massothérapie en 2016, il apprend à se connaître à travers les aléas de la vie. « Rares sont les massothérapeutes qui peuvent avoir une carrière sans embûches. On est limités par notre corps », une réalité qu’Esteban connaît malheureusement trop bien.
Enfant très actif et jovial, Esteban grandi avec l’impression de toujours en faire trop. « Au lieu de rapprocher les gens de moi, je les faisais fuir… Ça ne marchait pas comme je voulais », s’amuse-t-il.
« Je ne savais pas trop ce que je voulais faire de ma vie. Je savais juste que je voulais aider mon prochain » se remémore-t-il. Il n’éprouve pas de passion pour les études, mais caresse de loin une envie d’intégrer le monde de la médecine, sans trop y croire, « J’avais une forme de blues quant à la perspective du chemin que je devais prendre ».
Par confort, il rejoint le domaine de l’électronique, dans lequel se trouve aussi son père. Il installe notamment des cabines dans le département d’audiologie au CHUM. Ce travail ne le comble pourtant pas comme il l’aurait souhaité, « J’aimais seulement le trouble shooting, le fait de parler aux clients. »
Ce goût pour la vie, ce besoin constant d’être proche de ceux autour de lui, il le réalise enfin à travers le métier de massothérapeute, quelques années plus tard. « Je me suis rendu compte que d’être accueillant, bienveillant, de prendre soin des autres, même des inconnus, c’est ça que je voulais. » Explique-t-il.
Faire face au changement, en un claquement de doigts
Au commencement de 2019, le pire cauchemar d’Esteban prend la forme d’une blessure au pouce, causée par un travail excessif, « Ça a été le pire moment de ma vie, de loin. Perdre ce qui était tout pour moi, la massothérapie. » Son monde s’écroule alors qu’il découvre la pratique du massage Lomi Lomi Nui offerte au Bota Bota.
« Je suis tombé de haut sans parachute. J’ai perdu une partie de moi », 5 ans plus tard, sa voix trahit encore l’émotion qui l’habite lors de cet accident. Alors que son médecin soutient qu’il ne pourra plus pratiquer le métier qui l’anime, Esteban trouve refuge auprès de sa famille qui l’épaule lors de cette période difficile.
À contrecœur, Esteban s’embarque dans une nouvelle avenue professionnelle en 2020. Fort de sa curiosité naturelle, il entame une formation en régulation de vol à Québec pendant laquelle il se découvre une nouvelle passion : la météorologie. En 2021 il est embauché chez Airmedic, une compagnie d’ambulance aérienne opérant sur tout le territoire québécois, et entame ainsi une nouvelle manière de reconnecter avec ce besoin d’aider son prochain.
« Un an plus tard, NavCanada m’a appelé avec une offre de formation que je ne pouvais pas refuser. » Il intègre ainsi le programme de la seule compagnie au Canada ayant comme mandant de gérer le trafic aérien, durant lequel il en apprend énormément sur la météorologie.
Pendant près d’un an, encore une fois loin de ma famille, j’ai eu la chance d’en apprendre énormément sur l’aviation et sur la météorologie. Malgré un apprentissage intensif et une accumulation de nouvelles connaissances, Esteban ne parvient pas à se qualifier lors de l’étape culminante de ce long parcours rempli de changements et de sacrifices.
De retour à la case départ, il est de nouveau face à de grands questionnements de vie. « J’ai eu une longue réflexion l’été dernier. Retourner en électronique? Retourner dans le domaine de l’aviation avec un bagage qui m’aurait ouvert plusieurs portes ? Ou retourner au seul endroit où je me suis toujours senti à ma place et heureux ? »
Après l’effort, le réconfort
Cela fait maintenant un an qu’Esteban est de retour au spa-sur-l’eau. Des signes, il en voit partout, « Le 4 octobre j’ai signé mon contrat au Bota Bota, et un an auparavant je rentrais à la même date chez NavCanada. » Avec du recul, il observe sa période de transition avec indulgence, « Il faut être en paix, se laisser emporter par ce que la vie a prévu pour nous. J’ai tellement pleuré des larmes de douleur, j’ai tellement souffert. Aujourd’hui c’est de la joie que je ressens. »
“Ma motivation avant tout était d’offrir à ma famille une meilleure qualité de vie”, explique-t-il sur son choix d’intégrer la formation de NavCanada. Si cette opportunité n’avait pas vu le jour, Esteban n’aurait probablement jamais quitté Airmedic et ultimement, peut-être jamais fait un retour complet en massothérapie.
Lorsqu’il reprend le chemin du Bota Bota, il masse Arnaud Gaston, directeur des soins à bord. Alors qu’ils terminent le soin ensemble, Esteban lui demande s’il n’a pas trop perdu en précision. « Non, tu as beaucoup gagné », lui répond Arnaud, un gage ultime du temps qui fait bien les choses.
« La massothérapie ne m’a jamais quittée. Je suis beaucoup plus prudent aujourd’hui. Je veux vraiment que ça dure. »