La traversée de Rita-Adèle Beaulieu | Bota Bota, spa-sur-l'eau

Gastronomie

La traversée de Rita-Adèle Beaulieu

Rita-Adèle Beaulieu est une femme de caractère. Derrière ses grands yeux sombres, on distingue une certaine ténacité, qui fait d’elle une chef de qualité à Montréal.

Présente au restaurant du Bota Bota, La Traversée, depuis maintenant 3 ans et demi, je la rencontre afin qu’elle puisse me parler d’elle, de son parcours et de ses choix, ancrés dans une réalité politisée et écoresponsable.

La politique s’offre à vos papilles

Très jeune, elle découvre un intérêt prononcé pour la cuisine, « J’ai commencé à cuisiner à cause du Liban. De 14 à 16 ans et demi, j’étais en couple avec un garçon dont le beau père était Libanais. Ils vivaient une situation financière assez précaire et j’étais fascinée par cette facilité qu’il avait à ouvrir le frigo et à créer des festins avec 3 ingrédients. C’était toujours tellement bon. » Aujourd’hui en cuisine, Rita-Adèle effectue la même approche : faire beaucoup avec peu.

Le Liban n’est pas le seul pays lié à sa carrière culinaire. « C’est la politique qui m’intéresse. Elle est partout et énormément dans la nourriture, dans les choix de ce que l’on consomme. » C’est ainsi que le Mexique et la Palestine se retrouvent entre-autres dans vos assiettes lorsque vous déjeunez à La Traversée. Rita-Adèle prend un certain plaisir à s’éduquer sur l’actualité, et de mettre en lumière certaines régions du monde. Gâteaux Syriens, dessert du Burkina Faso, le monde entier s’offre à vos papilles.  

L’écoresponsabilité à bord et sur terre

La consommation consciente et écoresponsable, Rita-Adèle ne s’en cache pas, c’est son cheval de bataille. « Lorsque j’étais petite j’écrivais aux politiciens, au premier ministre. Je leur demandais ce qu’ils comptaient faire pour telle ou telle crise… »

À bord, le gaspillage alimentaire n’a pas sa place. Chaque morceau d’aliment, bouts de ciboulette comme quignons de pain, est récupéré afin d’être intégré d’une façon ou d’une autre à un plat. « C’est vraiment quelque chose auquel je tiens mordicus », insiste-t-elle.

Les achats des aliments sont faits localement à 80%. « On est allés chercher les poires nous-même chez un fermier près de Granby. Mettre la main à la pâte jusqu’à ce point-là, c’est hyper nourrissant. » me dit-elle avant d’avouer détester les jeux de mots dans un sourire.

Elle raye ainsi de sa liste le bœuf, à cause de sa surconsommation et remplace le saumon par la truite-arc-en-ciel, produit localement et lui encore sur liste verte.

La terrasse flottante du Bota Bota participe elle aussi à la consommation sur place à bord avec son petit potager mis en place en 2019. Été comme hiver, il ajoute couleurs et saveurs dans vos assiettes. « Cela motive les cuisiniers, le matin ils sont heureux d’aller prendre soin du jardin. » Un clin d’œil à la philosophie péruvienne qui lui tient à cœur. Celle de prendre à la terre pour lui redonner. Elle m’apprend par la suite que le potager est arrosé avec l’eau du fleuve. Une initiative dont elle peut être fière.

Bien que ses plats militent toujours pour une cause, Rita-Adèle saupoudre aussi une pincée de nostalgie et de souvenirs dans ses créations : la Pavlova pour sa mère récemment décédée qui était danseuse, les groseilles pour les oiseaux qu’elle aime tant…  « L’œuf en cocotte, parce que ça me rappelle les dimanches », me confie-t-elle, les yeux rêveurs.

De gourmands souvenirs qu’elle espère pourront faire voyager et conscientiser les passagers du Bota Bota. « Soyez conscients, ne gaspillez pas, ne mangez pas à outrance, sachez où donner vos sous. »