Design & Mode
Micromaisons : un mouvement qui prend de l’ampleur
Par Annie Rousseau
Faire plus avec moins : c’est le pari qu’ont pris les adeptes du mouvement des micromaisons, ces habitations écologiques, mobiles, abordables et… minuscules! Mais qu’est-ce qui explique cet engouement pour le tout petit?
En Amérique, la tendance est aux petites familles et aux grandes maisons. Prônant la simplicité volontaire, le « tiny house movement » vise à contrer ce phénomène par l’habitation de toutes petites maisons (généralement moins de 400 pi2). Les raisons d’adhérer au mouvement sont nombreuses, mais les préoccupations environnementales, les soucis financiers et la quête de liberté sont parmi les principales motivations de ceux qui choisissent de se tourner vers ce mode de vie minimaliste. Alors que la plupart des ménages consacrent au moins le tiers de leur revenu à entretenir leur propriété, quand ils ne sont pas carrément en train d’accumuler les dettes, les micromaisons s’avèrent notamment une excellente façon de lutter contre l’endettement. Aux États-Unis, 68 % de ceux qui ont acheté une micromaison n’ont pas de dette hypothécaire, contre seulement 29,3 % chez ceux qui possèdent une maison conventionnelle1. Il faut dire qu’il leur en aura coûté en moyenne à peine 32 000 $ pour bâtir leur petit havre de paix.
Bien que le mouvement soit né aux États-Unis, le Québec n’est pas en reste : la province compte aussi son lot d’adeptes qui grandit de jour en jour. Une page Facebook consacrée au mouvement et des projets immobiliers novateurs voient le jour – comme les Hameaux de la Source, dans les Laurentides, qui permettra bientôt aux Québécois de bâtir leur propre micromaison en pleine nature.
Reconnu comme le gourou fondateur du mouvement, Jay Shafer – basé en Iowa – vit dans une micromaison depuis 1998. « On constate une augmentation de la demande pour des maisons bien conçues et abordables. (…) Les maisons que je propose (…) sont conçues pour offrir aux propriétaires tout ce dont ils ont besoin, ni plus ni moins », affirme-t-il sur le site Web de sa compagnie, Four Lights Tiny House.
Pas de place pour le superflu quand on vit dans un espace aussi restreint, et Dee Williams l’a bien compris. Auteure d’un livre intitulé The Big Tiny, cette dame de 51 ans habite dans un espace de 84 pi2 et tient un inventaire de tout ce qu’elle possède. En ce moment, elle dénombre 305 objets, incluant la moindre fourchette! Après avoir subi une attaque cardiaque, Mme Williams a décidé qu’elle n’avait plus de temps à perdre avec des tâches ménagères et a opté pour la simplicité. Selon elle, vivre dans une micromaison permet non seulement de se recentrer sur l’essentiel et d’avoir plus de temps pour soi et pour les autres, mais aussi de se rapprocher de la nature : « Dans une grande maison, c’est facile d’ignorer ce qui se passe dehors ou d’affronter dame Nature à coups de thermostat. Désormais, je collabore avec la nature plutôt que de la combattre », confiait-elle au NY Times en avril dernier. Dans son livre, elle décrit l’odeur de cèdre frais qui embaume sa petite chaumière et le bonheur avec lequel elle redécouvre les quatre éléments.
Mais au-delà de l’aspect bucolique de cette vie à la Henry Thoreau, adhérer au mouvement des micromaisons implique de changer radicalement nos habitudes de vie et de consommation. Bien que ce mode de vie ne soit pas fait pour tout le monde, nous aimerions tous passer moins de temps à laver le plancher, et plus de temps à relaxer! D’ailleurs, nombreux sont les adeptes du mouvement qui affirment avoir retrouvé une certaine paix intérieure en se détachant de leurs biens matériels. Serait-ce là la voie du bonheur? N’en déplaise à Elvis Gratton, « Think small » s’annonce désormais comme le leitmotiv du rêve américain nouveau genre!