Psychologie
Des soins et des hommes
Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaitre…. Celui des années 2000, de la bulle internet, des premières émissions de téléréalité et de l’apparition des téléphones intelligents. En vingt an, les hommes ont eux aussi fait peau neuve plusieurs fois. Une mue passant de la coquetterie métrosexuel à la revanche du poil et du naturel. Retour sur deux décennies d’évolution.
Au commencement, les hommes sont des femmes comme les autres
Le début du XXIème siècle marque l’apparition d’une touche de féminité dans un monde de testostérone. Le métrosexuel devient l’archétype du jeune citadin qui n’hésite pas à s’approprier les codes gays ou connotés féminins. Les soins esthétiques, les massages et autres épilations jusqu’à lors réservés à Madame trouvent une nouvelle clientèle chez Monsieur. Finie l’ère de l’homme au look négligé et insensible à l’art de paraître, bienvenue aux narcisses modernes. Icône du genre en son temps, David Beckham arbore vêtements haute couture excentriques, vernis aux ongles et même jupette très branchée dès qu’il quitte les stades. Le tout sans perdre son sex-appeal auprès de la gente féminine.
Quand le marketing s’en mêle
Le secteur de la beauté pour hommes connait une croissance fulgurante au début du siècle, avec une augmentation à deux chiffres jusque dans les années 2010 dans les pays industrialisés. Du jamais vu qui conduit les grandes marques à exploiter plus largement le segment homme. Avec un marché de la femme saturé, « l’homme est un client rêvé » s’exclament alors les décideurs marketing de l’époque.
La revanche de la toison
Après une décennie de lutte, l’übersexuel se réconcilie finalement avec le poil. L’übersexuel, c’est l’évolution du métrosexuel. Toujours très intégré dans son époque, il assume sa pilosité avec un style dandy irrésistible. George Clooney et Patrick Dempsey affichent haute et longue leur tonsure sel et poivre, et même l’imberbe de toujours, Brad Pitt, se fait pousser la barbe.
Mais à mesure qu’elle pousse et conquiert ces messieurs, la barbe donne naissance au lumbersexuel, une réplique encore plus forte à l’épilation. On reconnait le lumbersexuel par ses chemises carottées, ses bottes de style travailleur et ses jeans épais. Et il ne faut surtout pas oublier le poil, car le lumbersexuel l’assume partout et fourni, des jambes à la barbe ! Ajoutons de longues heures d’entrainement au gym, car un beau bucheron bien bâti, c’est vraiment agréable à regarder.
Un québécois pour modèle, le lumbersexuel ? Peut-être !
Le boom du male-grooming
Pour être le parfait bûcheron moderne, même avec un look qui donne un effet de relâchement, l’entretien est de mise. Le passage chez le barbier pour la barbe et les coupes de cheveux regulières s’impose. Avant les années 2010, l’offre de produits pour entretenir sa barbe était quasi inexistante en magasin. Aujourd’hui, ils représentent un quart des ventes des soins pour le visage pour hommes. Ce sont même eux qui tirent la croissance : le chiffre d’affaires des soins de la barbe est en constante augmentation alors que celui des soins du visage « classiques » (hydratants, gels nettoyants et exfoliants) stagne.
Dans cette quête du bien-être et de l’attention portée à soi, l’homme, tout comme la femme, tend à favoriser les produits sains et naturels. Mieux informés par le biais d’internet et des réseaux sociaux, ces messieurs sont exigeants dans leurs choix et demandent une expérience client basée sur la personnalisation et la transparence dans les procédés de fabrication des produits qu’ils utilisent au quotidien.
La démocratisation du bien-être pour les hommes, sans préjugé
Désormais dépourvus de complexes au sujet de leur coquetterie, tous les hommes même les plus jeunes s’intéressent à leur bien-être et à leur apparence. Les individus issus des nouvelles générations (fin Z début Y), constituent la cible la plus importante pour les marques de cosmétiques. Cela va de pair avec le développement d’une société où les réseaux sociaux cultivent l’égo, et où l’apparence prend une place considérable dans les choix de consommation des plus jeunes.
L’homme n’a pas fini de s’émanciper, les modes et les technologies n’ont pas fini de de bouleverser les stéréotypes, pour le bonheur de Monsieur, et de Mesdames !