Design & Mode
Montréal, ville d’eau
Par Heidi Hollinger
Quand je fréquentais le cégep, à la fin des années 80, mes amis et moi aimions explorer les usines abandonnées le long du canal de Lachine. Je prenais des photos que je développais ensuite dans ma chambre noire – un petit garde-robe situé au dernier étage de la maison. Tandis que les structures réapparaissaient peu à peu sous mes yeux, j’étais éblouie par leur beauté délabrée. Les immeubles industriels avaient quelque chose d’à la fois mélancolique et majestueux.
Après avoir voyagé partout dans le monde au cours des quatre dernières années pour une série documentaire sur les villes portuaires, je suis aujourd’hui fascinée par un tout autre genre de construction. Les «starchitectes» m’ont séduite. Tout a commencé avec Le Corbusier et sa Cité radieuse à Marseille, puis j’ai découvert un certain Calatrava à Valence, un Jean Nouvel à Doha, un Frank Gehry à Paname, et que dire du Gherkin, du Walkie-Talkie, du Testicle et du Cheese Grater qui enjolivent la ville de Londres. Tout cela m’a portée à réfléchir à ce que nous avions ici, à Montréal, qui nous définissait, nous distinguait des autres et faisait notre fierté.
Montréal brille de mille joyaux. L’Expo 67 nous a laissé en héritage quelques-uns de nos plus remarquables signes distinctifs. Le dôme géodésique de Bucky Fuller et l’Habitat 67 de Moshe Safdie contribuent à nous rendre uniques. Et malgré tous ses défauts, le Stade olympique, dessiné par le célèbre architecte français Roger Taillibert (aussi connu pour le Parc des Princes, maison du Paris Saint-Germain), a une place spéciale dans mon cœur pour avoir accueilli nos chers Expos et servi de décor à mes souvenirs d’enfance. D’ailleurs, www.montrealite.com a capturé nos plus beaux trésors locaux – Orange Julep et compagnie – pour en orner ses t-shirts!
Revenir à Montréal après un séjour à l’étranger est une véritable bénédiction. Sans tomber dans le débat patriotique, on peut difficilement trouver mieux. Mi-francophone, mi-anglophone, ça fait deux fois plus de possibilités et d’opportunités! Par contre, s’il y a une chose dont on a cruellement besoin, c’est d’un plus grand accès à l’eau. Après tout, Montréal est une île. Le Vieux-Port a besoin de réinventer ses quais et de donner un second souffle aux zones négligées devenues obsolètes. Le projet de remise à neuf le plus inspirant qu’il m’ait été donné de voir à ce jour était le Tel Aviv Port Public Space Regeneration Project (Projet de régénération de l’espace public du port de Tel Aviv), une initiative des architectes du groupe Mayslits Kassif, qui ont restructuré le port pour en faire une grande terrasse de bois ondulée rappelant les dunes de sables du désert. Chez nous, la Plage de l’Horloge, le Bota Bota et le quai Atwater sont autant de pas dans la bonne direction pour nous réapproprier notre fleuve.
Et le Guggenheim de Bilbao n’aurait-il pas fière allure dans notre port?