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Briser les tabous : repenser le genre en massothérapie
La massothérapie est par essence un service qui nécessite une certaine forme d’intimité entre le massothérapeute et le client. Avant le massage, le choix du massothérapeute qui sera au service de ce moment de détente peut parfois venir éveiller une certaine forme de stéréotype de genre et ainsi offrir un regard biaisé sur la massothérapie. Dans une démarche qui se veut délicate mais essentielle, le Bota Bota souhaite briser ces tabous afin d’offrir à ses passagers un champ des possibles lorsqu’il s’agit de choisir un.e massothérapeute.
Une pratique habitée par la bienveillance
Pascal Rousseau, massothérapeute au Bota Bota depuis de nombreuses années, a d’abord puisé son expertise dans ses apprentissages en tant que comédien. « J’ai appris mes premières manœuvres de massothérapie lors d’ateliers en conscience corporelle à l’école de théâtre. » Lorsqu’il pratique son métier, il endosse une mission qui lui tient très à cœur. « J’ai découvert que j’avais une grande capacité d’écoute », un atout qui lui permet de cerner très rapidement les besoins de ses clients. « Habiter le rôle de massothérapeute, c’est très important », la bienveillance dans ce métier est un point central.
À la première poignée de main, la confiance s’installe, « Je regarde toujours le client dans les yeux et je m’assure d’être rassurant ». Pascal dirige toujours ses clients de l’autre côté de la table de massothérapie afin de créer un espace entre eux, pour que chacun puisse entretenir une bulle personnelle, « Ça permet de garder une distance professionnelle ». Il vouvoie chaque personne et les appelle par leur prénom complet, « Ce sont de petites attentions et approches qui peuvent permettre d’éviter de tomber dans un sentiment racoleur sans même le vouloir. »
La tâche la plus importante d’un massothérapeute est de comprendre les besoins du client, et ça, Pascal l’intègre au quotidien dans sa pratique; « Chaque corps est différent, chaque contact est différent et par essence, chaque besoin est différent. » Ici, il est question de parties distinctes du corps à traiter, « À travers le drapé, il n’y a rien d’érotisant. Le corps est une matière à traiter, à soulager, c’est une prise en charge complète. » Cela demande un abandon total avec quelqu’un en qui on a confiance. Si cette confiance n’existe pas, le massage ne peut pas opérer à pleine capacité.


Créer un espace sécuritaire pour tous
Le métier de massothérapeute en est un qui est forcément genré dans l’imaginaire collectif. Une réalité que Pascal comprend complètement; « C’est un contact qui est tellement intime qu’on n’a pas le choix d’être affecté en tant que client. Le travail du massothérapeute, qu’il soit homme ou femme, c’est de faire tomber les barrières, de rendre la personne confortable et en sécurité. » La première prise de contact, le regard et l’attitude sont les piliers principaux d’une relation de confiance saine. « Tout ça doit se faire sans jugement. On ne sait jamais ce que l’autre a vécu. »
Afin de sensibiliser les clients et les aider à faire un choix éduqué, Pascal soutient qu’il n’y a que le temps et la bienveillance qui peuvent aider, « On ne peut pas changer les gens, mais on peut les aider à le faire, un massage à la fois. Lorsque je me retrouve face à une personne qui je sens a un frein , petit ou grand, à se faire masser par un homme, je me mets comme défi qu’elle choisisse un homme massothérapeute la prochaine fois qu’elle se fera masser. » Il déplore les situations négatives ou pleines d’ambiguïté dont certaines personnes profitent, « C’est fâcheux et ça vient briser tout ce qu’on fait au quotidien. » Pour Pascal, la communication avant le massage prime sur tout le reste de l’expérience, « Ça évite les malentendus ou les surprises. Comme ça, tout le monde sait à quoi s’attendre. »
Sur une question aussi délicate que le choix du genre du massothérapeute, Pascal est conscient que chaque client entre au Bota Bota avec son expérience très personnelle, « Je respecte la décision de chacun et je ne suis pas là pour juger ni pour convaincre qui que ce soit. » Cette approche à la fois altruiste et professionnelle reflète très bien l’atmosphère à bord. Le bien-être et la détente commencent par le respect de l’Autre.
